Elodie Gervaise est une jeune chanteuse australienne installée à Paris depuis quelques années. Nous l'avons interviewé pour discuter de son dernier EP expérimental, Syzygy, sorti le 15 octobre dernier.
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Photographe : Louise K. Mambi
Ton projet Syzygy est sorti le 15 octobre. Peux-tu nous parler de l’évolution de ta musique depuis ton dernier EP Brut sorti en 2019 ?
Je pense qu’en arrivant à Paris depuis l’Australie, mon univers musical s’est beaucoup développé. J’ai été inspiré par des villes comme Amsterdam, Londres, Berlin et Paris, j’ai découvert un nouveau type de musique dans ces villes. Je n’ai jamais eu cette expérience en Australie donc je pense que cet EP montre ce que je peux faire avec la musique électronique et expérimentale. Je n’avais jamais fait ça puisque j’ai toujours écrit mes titres en jouant de la guitare, comme dans mon dernier EP Brut, un projet folk que j’ai enregistré moi-même dans un petit studio à Paris. Ce nouveau projet est un peu différent car ce sont différents thèmes liés sous le seul concept des connexions, ce qui est très important pour moi, surtout avec ce qui se passe dans le monde depuis ces deux dernières années. Les confinements et le Covid nous ont vraiment fait réaliser l’importance des relations.
Syzygy semble plus optimiste que Brut, même si les thèmes évoqués (comme la santé mentale ou le réchauffement climatique) le sont moins.
Je pense que c’est dû au fait que je viens de Byron Bay, en Australie, où tout le monde est très optimiste. Nous avons un climat super, de beaux paysages, une bonne qualité de vie… C’est un très grand pays avec beaucoup d’espace. En arrivant à Paris, c’était assez intéressant d’observer la différence dans la psychologie et dans le comportement. J’espère que toute ma musique est positive car je le suis de nature.
Peux-tu nous parler du processus de création ? Tu as écrit cet EP une semaine avant le premier confinement.
Le processus de création était très beau car c’était pendant les deux mois du premier confinement. Je vivais avec deux amis à moi : une est designer de lingerie très talentueuse, elle est maintenant à Londres et travaillait sur sa collection pendant que je préparais mon EP. Mon autre ami est aussi un musicien qui m’aidait et travaillait en même temps sur ses projets créatifs. C’était un peu comme une résidence créative de deux mois dans la maison de campagne de mon père à une heure et demi de Paris. Nous étions chanceux d’avoir réussi à quitter Paris avant le confinement car je vivais toute seule dans ce petit studio et ça aurait été très difficile, mais au final ça a été une période géniale. C’était un environnement parfait pour créer et écrire car nous n’avions aucune pression. Ensuite, quand le confinement s’est terminé, nous avons enregistré les titres. La mise en place des visuels a été un peu longue car il y avait un tournage à Paris et un à Berlin, ce qui a mis des mois à organiser. Ensuite, il y a eu pas mal de changements : j’ai changé de manager, de label… J’ai eu une offre à New York qui ne s’est pas concrétisée donc j’ai rejoint un label à Los Angeles… Et après tout ça, on a réalisé que ça n’avait pas de sens de sortir le projet sans pouvoir le jouer en concert. C’est pour ça que ça a pris un an et demi à sortir.
Comment as-tu choisi les titres de l’EP ?
Le producteur m’a envoyé plusieurs titres et j’ai choisi ceux que je voulais essayer. A la base, j’avais six titres mais je n’étais pas vraiment heureuse avec la sélection. J’ai décidé d’en enlever deux car je trouvais qu’ils n’étaient pas assez honnêtes et je voulais seulement le meilleur pour mon premier vrai projet.
Quelles sont tes inspirations actuellement ?
Je suis une très grande fan de Sevdaliza. Je trouve qu’elle est phénoménale et j’adore tout ce qu’elle fait. A Paris, j’aime beaucoup Yseult. Je la trouve tellement puissante, sa voix est phénoménale. J’aime aussi beaucoup Björk, Florence + The Machine… Je commence à écouter des artistes féminines un peu plus dramatiques et pop. Je vais de plus en plus vers des chanteuses qui projettent leur voix et partagent vraiment une histoire, et je pense que mon prochain album ira dans cette direction aussi.
Quelle est la suite pour toi ?
Je vais retourner en Australie pendant trois mois pour voir ma famille et mes amis car ça fait deux ans que je ne les ai pas vus, je vais faire des concerts sur la côte est et quand je reviendrai, je vais commencer à travailler sur un album avec mon équipe.